La question du port du niqab en voie publique fait son retour au Québec après l'expulsion d'une femme d'origine égyptienne du Cégep Saint-Laurent parce qu'elle refusait de découvrir son visage. Précision quelque peu ironique: cette femme, à qui on reproche un manque d'intégration, suivait un cours de français.
Comme beaucoup de gens, le niqab me choque. Je trouve absolument navrant que des femmes soient réduites à le porter, que se soit de leur propre gré ou à cause de pressions familiales. Les rares fois que je me suis retrouvé en présence de femmes portant le voile intégral, je me suis senti troublé, voire même un peu menacé.
Mais si je verrais volontiers disparaitre le niqab, je dois admettre que ceux qui demandent son interdiction sur la voie publique tiennent une position contradictoire. Le port du voile intégral peut signifier deux choses: le désir autonome et personnel qu'a une femme de se suivre son interprétation radicale du Coran, ou, plus probablement, la subordination des femmes à leurs maris et à leur religion dans une frange radicale ségréguée de la société.
Or, dans les deux cas de figure possibles, l'interdiction de porter le niqab ne présente qu'une solution superficielle au problème. S'il y a des femmes qui se sentent à tel point interpellées par l'interprétation la plus radicale de leur religion qu'elles choisissent de couvrir leur visage aux regards du public, l'interdiction du niqab, loin de les amener vers une interprétation plus modérée de leur religion, risque de renforcer leur paranoïa.
Dans les cas, sans doute plus nombreux, où des femmes se voient obliger par leur famille de porter le voile intégral, son interdiction ne fera que guérir les symptômes extérieurs d'un mal intérieur qui restera aussi virulent. S'il est vrai que nous ne verrons plus de niqabs dans les rues, les pressions familiales fondamentalistes qui obligent les femmes à porter le voile intégral subsisteront. Ceux qui prétendent que le niqab nuit à l'intégration se trompent de cible. Une femme qui porte le niqab ne s'intégrera pas plus facilement à société courante si on l'oblige à l'enlever, puisque les circonstances qui l'avaient amené à couvrir son visage rendront de toute façon impossible son intégration.
Wednesday, March 10, 2010
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