Rares sont les romans qui ont fait l’objet d’autant d’études que Mme. Bovary. Véritable monument de la littérature française, Mme. Bovary a, selon la majorité des critiques, transformé le genre du roman en occident. C’est une lecture que j’ai faite la semaine dernière dans un accès de boulimie littéraire qui m’a fait dévorer trois romans –La Peste (Camus), Une page d’amour (Zola) et Bovary - en un week-end.
J’avouerais d’office que Mme. Bovary m’a le moins plu des trois. Il faut dire que c’est une lecture plus exigeante que Camus et Zola. Il faut prêter une constante attention au texte, et affronter le vocabulaire de l’horticulture, celui de la gastronomie et de la mode du 19ème, ce qui exige des retours réguliers au dictionnaire en-ligne du CRNS…
Mon reproche est le même que je fais à bien des classiques de la littérature française : il n’y a pas assez d’action. Emma Bovary se marie, elle est malheureuse, elle a deux liaisons, une crise de folie, tout ça raconté en 350 pages de caractères affreusement petits. Pour le reste, tout y est. L’intrigue est tragiquement vraisemblable et tout à fait novatrice. Les personnages sont construits avec une habilité qui reste sans pareil : Charles Bovary, est, à mon avis, peut-être plus qu’Emma, l’une des grandes créations de la littérature occidentale. Mais les longueurs subsistent. On sait d’ailleurs que l’éditeur de Flaubert voulait ``alléger`` Bovary. Cette proposition a, semble-t-il, rencontré le mépris de l’auteur.
Mais il y a des circonstances atténuantes. Là où Flaubert s’illustre particulièrement, c’est par les fameuses descriptions qu’il fait de la campagne normande et du petit village où vivent les Bovary. S’ils ajoutent une centaine de pages au livre, les interminables passages descriptifs qui se succèdent à n’en plus finir ont évidemment le plus grand mérite littéraire. Flaubert a un style de description parcimonieux. Plutôt que de faire un portrait intégral de l’objet décrit, il trouve toujours le détail qui le révèle. En peu de mots, il permet au lecteur de se former une image mentale claire et précise du décor. C’est tout le contraire de Zola, qui s'évertue trop souvent à décrire les objets aussi justement que possible, en employant un vocabulaire savant et précis, mais sans permettre au lecteur de se les représenter mentalement pour créer son image des décors du roman.
Au demeurant, on ne doit pas tenir rigueur à Flaubert d'avoir écrit un si long livre. Dans l’intérêt du roman lui-même, quelques coupures auraient certainement été judicieuses. Mais dans l’intérêt de la littérature, la longueur de Mme. Bovary nous fait profiter de la prose descriptive de Flaubert qui vaut bien par elle-même quelques heures d’ennui.
Monday, July 26, 2010
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