On accuse parfois Albert Camus d’être un ‘philosophe pour classe terminale’. Si ses essais philosophiques (Le mythe de Sisyphe en tête) paraissent certes un peu légers, cette critique n’en est pas moins absurde puisque Camus disait de lui-même : « Je ne suis pas un philosophe ». Mais je compte bien, pour ma part, profiter de ce que je suis moi-même un élève de terminale pour partager quelques commentaires sur l’une de mes récentes lectures: La peste, roman publié par Camus en 1947.
Inutile de résumer l’intrigue pour gâcher le plaisir futur de ceux qui ne la connaissent pas. Je me contenterai de commentaires généraux.
S’il y a bien un mérite qu’il faut reconnaitre à ce roman, c’est qu’il est, sans être tout à fait palpitant, assez "accrocheur" pour donner envie au lecteur de passer à la prochaine page. Il diffère déjà en cela de nombre de ses contemporains.
On a toujours fait le rapprochement entre le fléau de la peste, tel que décrit par Camus, et le ras-de-marrée nazi que Camus a vécu (et contre lequel il s’est d’ailleurs battu dans la résistance). J’ignore si Camus a lui-même encouragé ce rapprochement, mais il m’a semblé surtout que la peste était un moyen pour lui de confronter ses personnage à une mort imminente à laquelle ils réagissent tous différemment. Car c’est avant tout de ces réactions dont il est question dans cet ouvrage : comment les personnages affrontent-ils la menace d’une mort imminente? La peste oblige les personnages à se poser des questions existentielles que nous portons tous en nous, avec la différence que l’imminence du danger les force à agir en conséquence.
On sent un réel souci chez Camus de représenter des personnages vrais. Cela ne veut pas dire qu’ils sont banals, mais on sent bien qu’ils auraient pu exister en dehors du roman, et que, s’ils sont plus ou moins faillibles ou admirables, ils sont toujours authentiques. Si Sartre était l’initiateur de cette idée philosophique d' ‘authenticité’, ses œuvres restent souvent d’une abstraction et d’une opacité sans pareil. Chez Camus en revanche, il n’y a pas de sens cachés. Les personnages sont décrits toujours objectivement, dans toute leur crudité, mais toujours avec un raffinement, une élégance, et une sensibilité qui font bien le génie de l’auteur.
Tuesday, July 20, 2010
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