Dans la notice qui accompagne le diptyque ``La crucifixion; Le jugement dernier `` exposé au Metropolitan Museum de New York, son auteur, un certain Jan van Eyck, est décrit comme ``le plus célèbre peintre de l’Europe du 15ème siècle.’’ Il se trouve que Van Eyck est aussi un de mes peintres préférés. J’ai donc pensé qu’il serait fort à propos de suivre mon dernier message sur l’art du Moyen Art par un bref exposé de son œuvre. Surtout que Van Eyck est en quelque sorte le peintre qui marque le plus nettement la rupture avec l'époque médiévale, puisqu’il s’applique à reproduire la nature avec un maximum de minutie alors qu’on se contentait auparavant de la symboliser.
Jan van Eyck fait ses débuts de peintre dans les premières décennies du 15ème siècle. Son contemporain, l’architecte florentin Filippo Brunelleschi, venait de découvrir les règles mathématiques de la perspective, précipitant la grande révolution du quattrocento italien que nous connaissons tous bien. Mais ces progrès fulgurants dans l’art italien n’avaient pas encore eu d'écho en Europe du Nord.
Plutôt que de s’appuyer sur des règles mathématiques pour donner l’illusion de perspective, Van Eyck s’applique à recopier le plus précisément possible chaque détail de la nature. Il travaille comme un appareil photo. L’illusion de perspective est créée presque inconsciemment parce qu'il parvient à reproduire la nature -ses formes et ses couleurs- exactement telle qu’il la voit. Ces œuvres sont comme des miroirs de la réalité.
Les exigences techniques de la méthode de Van Eyck vont d’ailleurs le pousser à une nouvelle innovation fondamentale dans l’histoire de l’art : l’invention de la peinture à l’huile. Jusqu’alors, on utilisait couleurs à base de blanc d’œuf, qui, tout en répondant aux besoins des peintres du Moyen Âge, avaient pour Van Eyck l’inconvénient de sécher trop vite. Van Eyck avait besoin de couleurs qu’il pourrait modifier au fur et a mesure de son travail. Il devait pouvoir se corriger, et travailler aussi longtemps que son souci du détail l’exigeait. Certains historiens de l’art commencent à douter que Van Eyck ait vraiment été le premier à fabriquer des couleurs à base d’huile. Il est en effet possible qu’il se soit approprié la technique d’un obscur contemporain, mais au fond, ces détails n’ont pas vraiment d’importance. Ce dont on peut être tout à fait certain, c’est que Van Eyck est le premier à s’être servi de peinture à l’huile systématiquement dans ses tableaux.
Ainsi, Van Eyck exerce une double influence sur la peinture européenne: il rompt avec le Moyen Âge en reproduisant la nature comme il la voit, et il invente la peinture à l'huile. On peut certainement dire qu'il s'agit d'un des tout grands de l'histoire.
Sunday, July 25, 2010
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