Monday, October 8, 2007

Franco-Ontariens

J’ai promis dans mon précédent message d’émettre quelques commentaires sur l’article que j’ai écrit pour le journal de mon conseil scolaire sur le rassemblement franco-ontarien du 25 septembre.

Parlons alors de fierté.

La fierté franco-ontarienne est un sentiment bien vivant qui anime une majorité de francophones en Ontario. C’est la fierté d’avoir une langue commune, une histoire riche et une culture epanouie. C’est une fierté forte et saine, et pour beaucoup de francophones vivant en Ontario dont moi-même, c'est quelque chose de naturel.

La manifestation organisée le 25 septembre à l’école Charlotte-Lemieux a fourni aux jeunes franco-ontariens de la ville d’Ottawa l’occasion de célébrer leur culture et leur fierté. Elle est due au travail et dévouement du comité organisateur composé de membres du Conseil scolaire et de professeurs. Ceux-ci ont donné de leur temps pour permettre aux élèves de fêter leur fierté franco-ontarienne et ont fait preuve d’une très grande générosité.

Mais, sans rien enlever au dévouement des organisateurs, est-ce vraiment leur rôle? Est-ce vraiment le rôle de l’école de promouvoir activement la fierté franco-ontarienne?

Certains diront que oui ; que l’école française a le mandat de défendre l’identité francophone en Ontario ; que si l’école ne la défend pas, cette identité se perdra. La position se tient. Il suffit de faire un tour à Edmonton ou à Winnipeg et de visiter les quartiers dits « francophones » pour voir ce qui pourrait arriver à la langue française si celle-ci n’était pas protégée par l’état.

Cependant, d’autres diront que non; qu’une prise de position de l’école en faveur d’une identité particulière enfreint l’un des principes fondamentaux de la vie en démocratie : la neutralité de l’état. Cette position aussi se tient. Sans cette neutralité de l’état, nous ouvririons la porte à toutes sortes de conflits identitaires et ethniques. En effet, si les écoles françaises peuvent activement promouvoir l’identité franco-ontarienne, qu’est-ce qui empêche les écoles anglaises de promouvoir l’identité canadienne anglaise, ou les écoles catholiques de promouvoir l’identité catholique. Vous imaginez dans la une du journal /11 000 élèves catholiques assistent au dévoilement d’une croix de 12 mètres de haut dans la cours de l’école Immaculata /ou /11 000 //é//lèves Anglophones se rassemblent pour chanter leur hymne national: It’s our home. /Aïe...

J’aimerais proposer une troisième voie. Une voie qui tient compte des préocupations des deux groupes et défend la langue française tout en respectant la neutralité de l’état.

Il est clair que le français en Ontario est en voie de disparition. Avec chaque nouvelle génération, la population francophone s’amoindrit de façon significative, si bien que dans une centaine d’années, la langue aura sans doute disparue. Mais ceci-dit, la solution prônée par le conseil scolaire –la glorification répétée de l’identité franco-ontarienne- est contre productive. Elle crée une identité fictive basée sur des préjugés et la rancune sans s’adresser au vrai problème : la disparition de la langue française on Ontario.

L’objectif n’est pas de défendre l’identité franco-ontarienne mais de defendre le français. C’est la langue qui fait des franco-ontariens un peuple distinct, et non pas les combats du géant Joe Montferrand ou SOS Monfort.

Au lieu de chanter l’identité franco-ontarienne, chantons la langue française. Découvrons la beauté de notre langue, l’histoire de notre langue, les maîtres de notre langue. Valorisons le bien dit et le bien écrit, attaquons-nous à la mauvaise syntaxe, à la mauvaise orthographe.

Ce n’est pas grace à un drapeau blanc-vert que les jeunes franco-ontariens choisiront d’enseigner le francais à leurs enfants. Mais si ceux-ci apprennent à le maîtriser, le respecter et l’admirer, ils ne pourront se priver de transmettre ce trésor à la prochaine génération.

Moi, je veux que le Franco-ontarien devienne un ontarien francophone.

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