Deux événements à noter aujourd’hui :
Tout d’abord, en fin de matinée, les Libéraux ont présenté une série d’amendements au projet de loi conservateur portant sur la participation canadienne en Afghanistan. Si on laisse de côté les fioritures exaspérantes, ils disent essentiellement que les soldats canadiens doivent arrêter après février 2009 de chercher activement les confrontations avec les Talibans, et concentrer uniquement leurs efforts sur la reconstruction, le soutien humanitaire, et l’entraînement de l’armée afghane. L’utilisation de la force en cas de légitime défense serait bien évidemment permise, mais il n’y aurait plus de missions de « chasse aux Talibans ».
Leur position m’apparaît parfaitement sensée, et je demanderais même pourquoi il faut attendre jusqu’en février 2009 pour modifier cette mission qui ne fonctionne visiblement pas. Comme vous le savez, les Talibans ne sont pas une force armée régulière avec un commandement organisé et des soldats entraînés. Ils forment plutôt une brigade souterraine de combattants mi-résistants mi-mercenaires dont les effectifs varient chaque semaine en fonction de l’argent ou de l’opium disponible. On ne peut donc pas gagner une guerre « contre » les Talibans, puisqu’au fond, on ne sait pas qui ils sont.
La responsabilité de reconstruire l’Afghanistan incombe aux Afghans. Si leur pays est en guerre civile, c’est uniquement de leur faute et il n’appartient pas à nos soldats de calmer le conflit. Nos forces armées apportent en Afghanistan de l’expertise et du soutien humanitaire, et sont prêtes à défendre la population civile contre des groupes militaires extrémistes. Mais si les Afghans ne veulent pas de notre aide et continuent à entretenir un état permanent de guerre civile en se joignant à des groupes armés comme les Talibans ou l’Alliance du Nord, le mieux sera de tout simplement retirer nos soldats pour les envoyer dans des endroits comme le Darfour ou la Birmanie où ils auraient vraiment un impact.
En mettant un terme à la mission de combat en février 2009, nous enverrons un signal clair aux Afghans que les guerres tribales et les Talibans sont des problèmes bien à eux. Nos soldats sont heureux d’aider à reconstruire les écoles et hopitaux du pays, et de protéger la population civile contre des groupes extrémistes, mais si les Afghans ne veulent pas déposer les armes et travailler ensemble, ils vivront un autre siècle de guerre et de famine dans l’isolement et la misère.
Le deuxième événement de la journée concerne une motion de confiance du gouvernement conservateur sommant les sénateurs libéraux d’adopter un projet de loi sur la criminalité avant le 1er mars. Il est difficile d’imaginer une conduite plus partisane et puérile. La motion du gouvernement est non seulement inconstitutionelle –une chambre ne peut évidemment pas dicter la conduite d’une autre-, mais les sénateurs n’ont eu que trois semaines pour débattre du projet, ce qui n’est presque rien quand on pense à tout le travail de comité qu’ils doivent accomplir avant le vote final. Si la motion était rejetée, cela déclencherait des élections et le projet de loi serait donc définitivement annulé. Et si la motion était adoptée par la Chambre, il faudrait encore qu’elle traverse le sénat...
Les libéraux ont bien fait de s’abstenir de voter sur cette motion. Ils ont suivi les conseils du Globe and Mail en se comportant comme des adultes face à un véritable jeu d’enfants.
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