Xénophobie?

Le chef de l’opposition officielle du Québec, Mario Dumont, a soulevé cette semaine toute une polémique dans la Belle-Province en affirmant que le Québec avait atteint son seuil maximal d’absobtion d’immigrants. Dans une entrevue avec Patrick Lagacé de La Presse, il a en effet soutenu que « [le Quebec] est pas mal sur [sa] capacité d'accueil » et que « À court terme, peut-être que tu règles des problèmes de marché du travail. T'auras des entreprises où toute la main-d'oeuvre va parler une autre langue, va vivre autrement dans un ghetto. ». Ses propos ont immédiatement été condamnés par le Premier-Ministre Jean Charest ainsi que par la chef du PQ Pauline Marois, qui ont tous deux affirmé que la province devait au contraire augmenter son seuil actuel de 45 000 par annee à 60 000, mais malgré la position des deux autres partis principaux, il semble indéniable que la vision de M. Dumont gagne rapidement de nouveaux appuis et pourrait vraisemblablement prendre le dessus dans un futur pas si lointain.

Cette plus récente sortie du chef de l’ADQ n’est en fait qu’un nouvel épisode du débat sur « les accomodements raisonables » qui se tient au Québec depuis l’affaire d’Hérouxville et qui semble indiquer de profonds chamboulements dans la société de la province. Il faudrait en effet quasiment remonter au référendum de 95 pour revoir un tel niveau d’effervescence intellectuelle et de passion. Rares sont les hommes politiques et chroniqueurs à ne pas s’être prononcés sur la question, et les titres d’éditoriaux des grands quotidiens semblent contenir le mot « immigration » une fois sur deux.

Malheureusement, comme je l’ai indiqué plus haut c’est la vision de M. Dumont, fermée et xénophobe, qui a le vent dans les voiles, ce qui soulève de nombreuses questions sur l’état de la société Québécoise actuelle.

Plusieurs chroniqueurs, dont André Pratte de La Presse, affirment que la montée du sentiment anti-immigrant n’est en fait qu’un symptome d’une phobie croissante chez les Québécois de souche de tout ce qui n’est pas Francophone et athée. De même, Le Devoir a publié aujourd’hui une lettre d’un certain Jimmy St-Gelais de Saint-Jérôme titrée : Reflexe de conquis, où celui-ci soutient que cette montée xénophobe est une « riposte réactionnaire » de la part de la nation Québécoise Francophone contre la baisse démographique qu’elle est en train de connaître.

Ce sont là des propos troublants, et je me permets d’espérer qu’ils s’avèreront être sans bon fondement, cependant, après avoir réécouté l’entrevue de M. Dumont avec Patrick Lagagé, je redoute le pire.